Après la prestation catastrophique de Biden au premier débat présidentiel face à Trump jeudi à Atlanta sur le plateau de CNN, des voix s’élèvent au sein du Parti Démocrate pour demander à Biden de jeter l’éponge et au parti de recommencer une sélection «ouverte» d’un nouveau candidat présidentiel. « Sélection ouverte », c’est-à-dire, sans le remplacement automatique de Biden par la Vice-Présidente Kamala Harris.
C’est David Axelrod, le stratège politique «architecte des victoires de Barack Obama», qui, le premier sur Twitter (X), dès le mois de novembre 2023, alarmé par les sondages montrant Biden dangereusement à la traîne dans 5 « swing states » (Arizona, Géorgie, Michigan, Nevada et Pennsylvanie), avait tiré la sonnette d’alarme et suggéré aux Démocrates de changer de candidat présidentiel:
Si [Biden] continue à être dans la course, il sera le candidat désigné du Parti Démocrate. Ce qu’il doit décider, c’est si cela est sage; si cela est dans SON intérêt ou dans l’intérêt du pays?
Ce cri d’alarme d’Axelrod, motivé par une froide analyse des données statistiques, avait déclenché une levée de boucliers des caciques du Parti Démocrate. Certains ont même poussé le ridicule jusqu’à insinuer que cet opérateur Démocrate jouait le jeu des Républicains à des fins inavouées!
(Le stratège politique David Axelrod, architecte de l’élection et de la réélection de Barack Obama. En 2012. Photo: Reuters)
Mais devant l’implosion de Biden jeudi à Atlanta, c’est une secousse de panique d’une magnitude hors de l’échelle de Richter qui traverse de part en part l’establishment Démocratique.
On parle ouvertement de remplacer Biden par un autre candidat face au tsunami qui a nom Donald Trump.
Et certains grands donateurs Démocrates semblent déjà se rebiffer après la contreperformance embarrassante de Biden, qui, à 81 ans, selon un chroniqueur du The New York Times, apparaissait avoir été rattrapé par son âge.
C’était surtout «pénible »—mot de Van Jones, chroniqueur de CNN et ancien du régime Obama à la Maison Blanche—, pénible à voir dans cet état lamentable Biden qui, tout le long de son parcours politique, était réputé et craint pour ses réparties cinglantes et la pugnacité de sa rhétorique.
Durant le débat, Trump, lui, « débitait à toute vitesse un mensonge après un autre sans être efficacement contré » par un Biden à la voix rauque, à l’argumentaire tâtonnant et aux phrases suspendues dans les airs, parfois sans tête ni queue.
Dès la fin du premier débat présidentiel, comme si on était dans la soirée du 5 novembre, les Républicains passaient sur les plateaux de télé des news et les réseaux sociaux pour célébrer la « réélection inévitable » de Trump.
Mais David Axelrod—encore lui!—, comme pour mettre le holà à cette danse totémique Républicaine, prévenait les analystes membres du « Grand Old Party (GOP) » qui participaient avec lui dans un panel d’analyse post-débat sur le plateau de CNN:
Si, pour une quelconque raison, il y a un changement au top du « ticket » [Démocrate], vous, les gars, vous êtes dans le pétrin avec Donald Trump, parce que le gars qui était là ce soir n’est pas un gaillard qui va inspirer les gens.
Il est grand temps que les Démocrates écoutent ce stratège magicien qui a fait élire le premier black à la présidence des États-Unis. Ce ne sont pas les talents qui font pourtant défaut au Parti Démocrate. On murmure désormais de manière audible le nom du gouverneur charismatique de la Californie, Gavin Newsom, dont la défense de Biden après sa prestation catastrophique, avait des échos d’une creuse incantation de shaman:
Il ne cède jamais. Il n’a jamais abandonné de lutter pour nous, de lutter pour la démocratie, pour l’avenir de nos enfants, de nos petits-enfants. Donc nous devons reprendre ceci en main pour ce faire. Eh oui, j’espère qu’il revienne et j’espère qu’il revienne et qu’il monte de nouveau au podium pour un autre débat.